Éphémérides et Montées de lait.

vendredi, avril 14, 2006

En réponse à Maxou Bernier

Dans son blog, mon frère Louis fait une sortie contre Maxime Bernier, ministre conservateur de la Beauce, à propos de sa connerie sur le bois d'oeuvre.

Ce n'étais pas sans me rappeler un cour texte de Jacques Côté, écrivain, un de mes profs de français au Cégep de Ste-Foy, que j'ai lu dernièrement.

Je recopie ici le texte, qu'on peux lire dans son receuil d'essai "Salut l'indépendance!", publié aux Éditions du Québécois.

De vrais Canadiens en pure vérité

Personne de voulait y croire, mais l'honneur suprème d'être Canadien aurait désormais son prix. Impressionnés, les journalistes écoutaient la démonstration des experts en polygraphie canadienne, les professeurs Red Redick et Pierre Rochette, qui portainet leurs lunettes à montures de feuilles d'érable. Les citoyens canadiens allaient devoir prêter serment et allégeance en passant le test du polygraphe. Le ministère du Patrimoine et Immigration Canada harmonisaient leurs exigences.

- À partir de now, il sera possible de seperer l'idiot du blé, les bons Canadiens des pourris, admit le professeur Redick sous l'oeil approbateur des hauts fonctionnaires d'Ottawa et de son collègue Rochette.

Tous observèrent l'invention de Redick et Rochette, ce gros ordinateur rouge relié à la chaise connectée à des dizaines de capteurs. On fit monter sur scène un séparatiste. Son nom apparaissait sur une liste du PQ dérobée par la GRC. On était certain de ses allégeances. Il s'avança vêtu d'un t-shirt « Fier d'être Québecois ». Le professeur lui indiqua de s'asseoir d'un geste nonchalant. Rochette relia les capteurs au séparatiste.

- Assis sur la chaise en érable rouge de vérité, reprit Redick, personne ne pourra mentir sans se trahir. Le séparasite sera démasqué. Faire partie du « plusse » meilleur pays au monde means sacrifices. Les diplomates, les juges, les députés et les ministres québecois qui veulent faire partie de la fonction publique ou obtenir de l'avancement ne pourront plus camoufler leur manque de patriotisme. Les traîtres seront aussitôt dépistés par le polygraphe canadien.

- Comment allez-vous débusquer les sécessionnistes? demanda un journaliste du Globe and Mail.

- Very easy, my friend, just watch me, repondit Redick. Regardez bien mon séparasite.

L'expert canadien allait démontrer comment le méchant Québécois serait piégé par ses allégeances. Relié à toute une série d'appareils enregistrant ses pulsations cardiaques, sa pression sanguine, ses moindres tremblements faciaux et la sudation provoquée par certains stimulis, le faux Canadien ne pourrait mentir. « Les vibescan, notre unité de mesure, sont sans équivoque. »

Sur l'écran géant, un cerveau apparut avec une zone délimitée par une feuille d'érable. Avec son pointeur laser, le professeur expliqua qu'ils avaient démontré en laboratoire que le cerveau reptilien, ce qu'ils avaient appelé les zones canadiennes, réagissait fortement à la vue des grands symboles nationaux. Ainsi, le séparatiste qui voudrait abuser du système fédéral devrait y penser à deux fois avant de s'asseoir sur la chaise de vérité. L'expert montra sur l'écran la reine d'Angleterre souhaitant une bonne fête nationale à tous ses sujets canadiens.

- Vous voyez, cette zone canadienne du cerveau ne rougit pas. Le séparatiste a été trahi. Montrons-lui maintenant une photo du parlement de Québec, et une autre du parlement d'Ottawa. Pour lequel des deux son coeur pattra-t-il le plus fort?

Le parlement de Québec fit bander l'aiguille à plus de 90 vibescan contre 30 pour le parlement d'Ottawa. On entendit une clameur dans la salle. Un gros plan du visage de Sheila Copps s'afficha à l'écran. Le cerveau reptilien du séparatiste resta froid.

Pierre Rochette prit le micro.

À la proposition : « On vous offre un poste d'ambasadeur au Turkmenistan », comment le candidat québécois réagira-t-il? Le test suprême consistera à faire entendre le « Ô Canada » et si ça ne suffit pas, on y superposera sur écran géant les Rocheuses et la face de la reine. Le taux de réussite est de 99.9%. C'est mieux que la pilule anti-conceptionnelle.

Un technicien retira les capteurs collés sur le séparatiste.

Le professeur Rochette s'avanca vers le microphone.

- Maintenant, je vous demanderais d'acceuillir notre fédéraliste.

Il était coiffé d'un chapeau de cow-boy acheté à Calgary lors du récent congrès du Parti Conservateur et portait un t-shirt avec la mention: « Jarret noir forever ». L'homme entra sur scène, les jambes arquées, en saluant le parterre. Les journalistes se retinrent de l'applaudir. « A proud Canadian », murmura l'un d'eux.

Une vue du cerveau apparut en trois dimensions sur l'écran. Le « Ô Canada » retentit et la zone reptilienne rougeoya un peu. Tous les cadrans affichaient des vibescan supérieurs à 60.

- Vous voyez...

Puis la machine s'emballa: les deux sacants canadiens, désemparés, comprirent que les désirs du Beauceron passaient de son cerveau à l'écran: l'image d'une chaise électrique propulsa les vibescan dans le rouge. Puis ce fut des séquences filmés d'un bombardement américain en Irak. Soudainement, la dénomination « Beaucetonne, Maine, USA » se rattacha à la carte des États-Unis. Les aiguilles touchèrent des sommets. Le 51ème État américain était en préparation. La vue d'un mariage homosexuel ramena les aiguilles à zéro. Puis l'image d'un cochon fourrant une truie dut être censurée. Mais des milliers de porcelets se multiplièrent à l'écran. Une odeur de bacon se répandit. Une odeur de dollar aussi. Puis des dollars américains s'imprimaient à l'écran. Rochette et Redick s'inquiétaient derrière leurs lunettes rouges. Il fallait entendre la machinne d'où jaillissaient étincelles et flammèches. Des dollars américains apparurent et la machine se mit à surchauffer, le cerveau du Beauceron afficha son seul patriotisme, celui de la piastre. Ni trop Canadien. Ni assez Québecois. Mais Beauceron annexionniste.

Les deux savants, inquiets, déprogrammèrent l'appareil.Le rideau tomba. C'était plein de promesses.

De la tribune parlementaire, derrière son télésouffleur, le premier ministre Harper se dit ravi de cette merveilleuse idée canadienne: « Elle contribuera à faire de nous de fiers Canadiennes et Canadiens partoute, partout ». Sheila Copps, qui sortait bras dessus bras dessous avec Alain Dubuc, ajouta: « Nous saqvons maintenant qui est Canadien et qui ne l'Est pas ».Et Dubuc de la relancer: « Cette invention pourra être vendue aux Américains qui pourront l'utiliser dans leur lutte contre le terrorisme ». André Pratte, dans La Presse, applaudit l'initiative en affirmant « qu'elle clarifie les choses ». Le juge Michel Robert, qui avait soulevé l'ire des Québécois en affirmant que les juges souverainistes n'avaient pas le droit d'occuper des postes de magistrats au niveau fédéral, parut enchanté: « Désormais, on saura que les juges québécois qui siègent à la Cour supérieure sont de vrais Canadiens ».

1 Comments:

  • Je ne sais pas trop pourquoi mais l'extrait m'a fait pensé à ce très bon livre "Le parachute de Socrate" par Sinclair Dumontais (pseudo) aux éditions Hurtubise et présenté comme un roman/essai sur la consommation des uns par les autres.

    C'est sans doute le ton et le caractère economico-politico-dénonciateur qui m'a fait faire le rapprochement.

    Un livre à lire!

    By Blogger cellequijoue, at 12:37 p.m.  

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